Le choix d’inviter Eva Jospin pour une résidence au Domaine de Trévarez s’est imposé lors de la découverte à Paris en 2016 de son Panorama, installé au cœur de la Cour carrée du Louvre, conçu comme une architecture artistique, simulant à l’intérieur l’univers des forêts et des grottes. Eva Jospin sculpte le carton, médium rarement utilisé mais apprécié par l’artiste pour sa légèreté, pour créer des œuvres sous forme de haut-reliefs. Avec Panorama, la perspective et la profondeur sont travaillées à grande échelle et livrent une spatialité en trois dimensions. Le Panorama de l’artiste se comprend dans la continuité des panoramas traditionnels qui, dès le XVIIIe siècle, ont connu un intérêt public croissant. Ce sont les précurseurs de spectacles en ville, de foires, de manèges et de cinéma, de toutes sortes de divertissements payants que la ville propose à ses habitants. Le plus ancien panorama connu en France, Le Panorama de Constantinople, a été réalisé par Pierre Prévost (1764-1823), conservé par le musée du Louvre et présenté lors de l’exposition "Philippe Djian au Louvre" (27.11.2014 - 23.02.2015). Le Panorama d’Eva Jospin, désormais installé au rez-de-chaussée des écuries du Domaine de Trévarez, est composé de 26 châssis de bois noirci dans un cercle de près de 9 mètres. Il faut y pénétrer pour découvrir un univers de forêt tout artificiel, patiemment taillé, découpé, sculpté dans le carton puis assemblé dans des strates successives qui, par des jeux de perspective et de trompe-l’œil, cernent le visiteur et l’entraînent dans ses sous-bois et ses mystères, "propices à l’échappée mentale". (Eva Jospin).
Dans les trois salles voisines des écuries, une exposition présente l’œuvre graphique de l’artiste, avec une dizaine de dessins de paysages de forêts, de montagnes et de grottes, réalisés avec une grande finesse. Deux œuvres réalisées à l’encre sur des bandes de papier montées sur des rouleaux explorent les origines du panorama au 18e siècle sur le modèle des "décors transparents animés" de Louis Carmontelle défilant à l’aide d’une manivelle. Plusieurs vidéos montrent le travail d’Eva Jospin dans son atelier durant l’élaboration d’une forêt de carton, ainsi que la préparation de Nymphée dans le parc lors de la résidence à Trévarez.
Après la réalisation d’une "folie" début 2018 au Domaine de Chaumont-sur-Loire, désormais ancrée dans le parc historique pour ponctuer la flânerie du promeneur, Eva Jospin en a adapté les principes de construction pour poursuivre l’aménagement du nymphée inachevé conçu il y a plus d’un siècle par James de Kerjégu, le commanditaire de Trévarez, dans le jardin de rocailles à proximité du bassin de la Chasse. Élaboré de la même façon que la folie de Chaumont en deux ensembles verticaux, partie basse à partir de moulages de matrices de carton en ciment et partie haute en béton projeté liant divers objets, rocailles et matériaux composites glanés un peu partout, le nymphée est amené à évoluer dans le temps selon les aléas météorologiques, l’influence de l’eau qui s’écoule et les plantes croissant à l’entourage, à changer de couleur et d’apparence. Il intègre ainsi à l’ancienne coque vide le rapport à la nature d’une artiste du 21e siècle, tout en évoquant dans sa hauteur l’aspect du bord de mer quand la mer s’est retirée, ses coquillages et ses algues translucides.
Pour la conception de sa troisième oeuvre à Trévarez, Eva Jospin est également revenue sur l’histoire du château, délaissé après le bombardement de 1944, et envahi par la végétation avant les débuts de sa réhabilitation. L’artiste a joué sur les temporalités et brouillé les pistes pour susciter une expérience sensorielle inédite et singulière. Elle décrit ainsi son intervention : "le château peut se voir comme un château-machine, construit à la grande époque des architectures métalliques. On dirait un château de la Renaissance quand, en réalité, c’est un délire anachronique. En outre, une partie s’étant effondrée après un bombardement, on peut voir son squelette métallique, le dedans et le dehors. Je présente une œuvre dans la tourelle, qui permet à la nature de reprendre ses droits à l’intérieur de l’architecture. Il s’agit d’une intervention délicate et légère qu’on peut ne pas remarquer. Elle prend la forme de lianes, avec des feuilles de laiton et de cuivre et d’autres, presque translucides, réalisées en polyuréthane, peintes avec du pigment graphite."
Née en 1975 à Paris, Eva Jospin a étudié à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris. Elle reçoit le prix de l'Académie des Beaux-Arts en 2015 et devient pensionnaire de la Villa Médicis à Rome en 2017. Elle est représentée par la galerie Suzanne Tarasieve.
Exposition du 12 mai au 14 octobre 2018. Domaine de Trévarez - 29520 Saint-Goazec. Tél.: +33 (0)2 98 26 82 79. Ouverture de mars à fin juin tous les jours de 13h30 à 18h30. Du 1er juillet au 31 août : tous les jours de 10h00 à 18h30 . Du 1er sept au 4 nov : tous les jours de 13h30 à 18h30.
« Regard d’artiste » consacre son édition 2018 à l’artiste Eva Jospin. Connue pour les forêts qu’elle sculpte minutieusement dans du carton, elle s’attache à représenter la nature non pas telle qu’elle est, mais telle qu’elle-même se la représente. Au Domaine de Trévarez, où le parc et le château se jouent des frontières entre nature et artifice, ses œuvres et son travail trouvent tout naturellement place.
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Gilles Aillaud
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sandie hatem
jul 1 à 2h10 PM
Gilles Aillaud, Le silence sans heurt du présent
En coproduction avec les Musées des beaux-arts de Rennes et de Saint-Rémy de Provence, cette rétrospective parrainée par la Fondation d’Entreprise Michelin est la première grande exposition consacrée à l’artiste depuis 10 ans. Une cinquantaine de tableaux provenant de grandes collections publiques et privées seront exposés au FRAC Auvergne.
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Exposition du 10 décembre 2016 au 05 mars 2017. Fondation Maeght, 623 chemin des Gardettes – 06570 Saint-Paul de Vence. Tél. : +33 (0)4 93 32 81 63. Ouverture tous les jours de 10h à 18h.
Exposition du 10 décembre 2016 au 30 mars 2017.
Espace de l’Art Concret, château de Mouans – 06370 Mouans-Sartoux. Tél. : +33 (0)4 93 75 71 50. Ouverture du mercredi au dimanche de 13h à 18h.
À l’Espace de l’Art Concret, mettant en jeu le concept d’art total dans C’est à vous de voir..., , Pascal Pineau investit les espaces du Château pour en retrouver la fonction originelle, interrogeant la valeur d’usage des œuvres. Expérimentant les limites du décoratif et de l’ornemental, il ouvre un dialogue entre pièces issues de l’artisanat, du design, objets de brocante et œuvres d’art ‘proprement dites’. Ainsi, les salles d’exposition se transforment en une succession d’espaces domestiques fictifs. Cuisine, bureau, salon, chambre d’enfant, suite parentale… chaque pièce peut se percevoir comme un portrait en creux de l’artiste qui pose un regard introspectif sur une trentaine d’années de pratique artistique.
Sur l’invitation de Pascal Pinaud, Alexandre Curtet, fondateur de Loft interior designers, a été sollicité pour concevoir l’aménagement intérieur de ces espaces en dialogue avec ses œuvres, mais aussi celles d’artistes avec lesquels ce dernier partage des affinités esthétiques, comme Noël Dolla, Mathieu Mercier, Natacha Lesueur, Philippe Ramette…
Eva Jospin, Regard d’artiste 2018 Domaine de Trévarez 12.05 - 14.10.2018