L’art qui dialogue avec l’environnement
Communiqué de presse
Les deux centres d’art parisiens Le Plateau et Bétonsalon accueillent ensemble une exposition en deux volets de Judith Hopf, présentée du 22 septembre au 11 décembre 2022. Depuis les années 2000, cette artiste berlinoise pluridisciplinaire qui enseigne à la Städelschule, l’école d’art supérieure de Francfort, réalise des sculptures et des films alimentés par des réflexions sur les relations que les êtres humains entretiennent avec la technologie de leurs appareils électriques au quotidien, envisagé selon un point de vue autant technique que philosophique. À Bétonsalon les oeuvres tournent autour de la consommation d’énergie, au Plateau c’est de sa production dont il est question.
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Gilles Aillaud
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Marika Prévosto
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sandie hatem
jul 1 à 2h10 PM
Gilles Aillaud, Le silence sans heurt du présent
En coproduction avec les Musées des beaux-
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Exposition du 10 décembre 2016 au 05 mars 2017.
Fondation Maeght, 623 chemin des Gardettes – 06570 Saint-
Exposition du 10 décembre 2016 au 30 mars 2017.
Espace de l’Art Concret, château de Mouans – 06370 Mouans-
À l’Espace de l’Art Concret, mettant en jeu le concept d’art total dans C’est à vous de voir..., , Pascal Pineau investit les espaces du Château pour en retrouver la fonction originelle, interrogeant la valeur d’usage des œuvres. Expérimentant les limites du décoratif et de l’ornemental, il ouvre un dialogue entre pièces issues de l’artisanat, du design, objets de brocante et œuvres d’art ‘proprement dites’. Ainsi, les salles d’exposition se transforment en une succession d’espaces domestiques fictifs. Cuisine, bureau, salon, chambre d’enfant, suite parentale… chaque pièce peut se percevoir comme un portrait en creux de l’artiste qui pose un regard introspectif sur une trentaine d’années de pratique artistique.
Sur l’invitation de Pascal Pinaud, Alexandre Curtet, fondateur de Loft interior designers, a été sollicité pour concevoir l’aménagement intérieur de ces espaces en dialogue avec ses œuvres, mais aussi celles d’artistes avec lesquels ce dernier partage des affinités esthétiques, comme Noël Dolla, Mathieu Mercier, Natacha Lesueur, Philippe Ramette…
Pour sa première exposition monographique en France, intitulée Energies et orchestrée par trois commissaires : François Aubart, Xavier Franceschi et Émilie Renard, Judith Hopf réunit des oeuvres existantes et inédites au coeur du débat actuel sur la grande question des économies d’énergie et de sa future possible pénurie. Comme le soulignent les commissaires, « Judith Hopf approche la technologie par son versant fétichiste et met en doute la course à la réussite et à l’accomplissement, tant vantée par l’esprit du capitalisme. Les préoccupations de Judith Hopf pour les modes contemporains de production et de consommation se manifestent à la fois dans les matériaux qu’elle utilise et les formes qu’elle produit. Les objets qu’elle réalise semblent pris entre deux états, entre le sublime qu’ils évoquent et le ridicule ou la déception qu’ils engendrent réellement. » Ils concluent ainsi : « Énergies s’appuie sur des oppositions entre évolution naturelle et croissance bornée pour composer des mises en scène cinglantes et d’autant plus corrosives que c’est notre quotidien qu’elle représente. D’ailleurs, on trouvera également en creux de cette exposition en deux volets une réflexion sur l’art et sa production, dans un choix de matériaux qui cherche des alternatives à la production effrénée. Énergies n’est pas sans rappeler qu’en cette période de communication par visioconférence, il en faut de grandes quantités, électriques et humaines, pour monter des expositions. Les Phone Users qui cherchent probablement à se joindre entre Bétonsalon et Le Plateau peuvent en être la métaphore, ils tentent peut-
L’instrumentalisation du paysage que l’artiste nous donne également à voir, anime par ailleurs les sculptures d’animaux qui évoquent à leur tour une nature devenue production sérielle, déshumanisée, un monde où la rationalité l’emporte sur l’attention au vivant. Elle l’exprime à travers ses peintures murales où figurent des rais de soleil et de pluie parfaitement ordonnés et le motif géométrique d’un champ de panneaux solaires. Les animaux (moutons, serpents) sont sommairement composés de matériaux industriels – béton, tiges de métal – évoquant la production sérielle et l’architecture brutaliste.
Les trois commissaires d’exposition
Xavier Franceschi a occupé le poste de directeur du Frac Île-
Extraits de leur entretien avec Judith Hopf concernant l’exposition
XF : Les deux expositions au Plateau et à Bétonsalon sont en fait une seule et même exposition en deux parties. Quels liens as-
JH : J’essaie de réfléchir autour du thème de l’« énergie » dans les deux parties de l’exposition, j’espère trouver une configuration expérimentale autour de ce terme dans les deux lieux tout en convoquant des perspectives différentes. Pour Le Plateau, je réfléchis à des perspectives possibles sur le paysage et les changements qu’il subit en tant que lieu de production d’énergie. Comment interagissons-
ER : Dans ces deux expositions, si l’on regarde les aspects figuratifs des oeuvres, on peut identifier divers motifs récurrents tels que l’électricité avec les éclairs, les panneaux solaires, les prises et les pylônes ; les animaux avec les serpents et les moutons ; les paysages avec les ciels ensoleillés et pluvieux, un brin d’herbe... Ces énergies et ce qu’on appelle la « nature », représentée par le paysage et les animaux, sont-
JH : En ce moment, il y a de nombreuses discussions autour de la transformation du paysage dans le but de produire de l’énergie, principalement du carburant ou de l’électricité. D’un autre côté, nous associons la nature à nos temps de loisirs et la considérons comme un endroit où recharger notre propre « énergie » après avoir été épuisé·es par nos propres conceptions et styles de vie. Il semble que nous soyons incapables de concevoir notre environnement autrement que pour servir nos propres intérêts. Je ne place pas des animaux figuratifs tels qu’un « vrai mouton » ou de « vrais serpents » dans la notion de paysage. Je veux plutôt rendre visibles d’autres êtres en relation avec les humains et montrer une certaine absurdité de notre relation à notre environnement, qui n’est pas fait uniquement de besoins humains ni d’êtres humains. Comme l’a expliqué John Berger, il n’y a pas que nous, les humains, qui regardons les animaux, les animaux nous regardent aussi.
ER : Quel rôle jouent les Phone Users (Usagers de téléphones) dans ces jeux de répétition ? Leurs corps sont faits de la même argile que leurs téléphones et ils ressemblent à des personnages introvertis, enfermés dans un espace clos, ou bien ils pourraient aussi communiquer entre eux, d’un endroit à l’autre, comme s’ils étaient dans une boucle entre êtres d’une même sorte.
JH : La série des Phone Users est le fruit d’un travail spontané que j’ai réalisé l’année dernière, lorsque nous étions en période de confinement dû à la Covid. [...] J’avais déjà l’idée depuis longtemps de faire des personnages utilisant des téléphones portables en argile, mais je ne savais pas par où commencer et à quoi ils allaient ressembler. Ils se sont juste développés au fur et à mesure que je les faisais et tout ce processus a été un choc pour moi. Je trouve aussi qu’ils ont l’air un peu introvertis, un peu déconnectés même s’ils essaient tant bien que mal de se connecter les uns aux autres via leurs téléphones. Je suppose qu’on ne sait jamais ce qui va se passer quand on fait des choses sans plan précis, mais ça a été très important pour moi de passer par ce processus. En fait, je suis stupéfaite d’avoir réussi à les produire. Je crois que j’ai appris que l’on peut s’identifier à des personnages comme eux tout en les réalisant, et c’était une expérience inédite dans ma production artistique.
ER : Dans la plupart de tes oeuvres, on a l’impression que les représentations de la nature, des paysages ou des animaux, sont altérées ou déformées, comme si le regard que nous portions sur la nature était toujours déjà biaisé?
JH : Je ne peux pas dire si nous faisons quelque chose de mal, mais je suppose que nous pouvons voir que nous sommes un peu coincé·es dans notre peur. D’une part, nous nous enfonçons dans des crises climatiques et environnementales, dans des conceptions erronées de la nature, d’autre part, nous ne remettons pas suffisamment en question notre compréhension de nos environnements.
Judith Hopf, Phone User 3, 2021 (détail). Argile, socle de béton, 170 x 45 x 51 cm. Photo : Andrea Rossetti © Adagp, Paris, 2022 / Judith Hopf. Courtesy Judith Hopf et kaufmann repetto Milan / New York
Exposition du 22 septembre au 11 décembre 2022. Frac Île-
© ArtCatalyse / Marika Prévosto 2007 -
Exposition du 22 septembre au 11 décembre 2022. Bétonsalon -