Kôichi Kurita mène sa pratique toujours de la même manière. Ayant choisi un parcours sur une carte, il se déplace sur le site accompagné de sa femme qui l’assiste dans son travail. Il prélève des poignées de terre à divers endroits, dont chaque fragment est ensuite minutieusement séché, trié, nettoyé, pilé et tamisé puis légendé avec la date et le site de récolte. Cette collecte s’accompagne d’un travail documentaire qui témoigne de sa démarche avec des prises de vue, des vidéos et l’animation du blog Soil Library.


Au Japon il ne lui reste à Kôichi Kurita que 15 îles sur 3233 villes et villages à explorer pour achever sa bibliothèque native qui comporte déjà près de 35 000 prélèvements de terre. C’est en 2004 que l’artiste est venu en France et a débuté des itinérances dans les régions Centre, Poitou-Charentes et Île-de-France. Cette première bibliothèque constituée est actuellement conservée à la Maison de la Culture du Japon à Paris. La récente résidence de l’artiste à Maubuisson et Chamarande l’a enrichie avec des terres des régions septentrionales : Normandie, Picardie, Nord, Champagne-Ardennne… Par son déplacement dans le temps et dans l’espace – il a fait de sa vie un voyage – Kôichi Kurita aborde les questions de paysage et de territoire, mais porte aussi une attention particulière au matériau terre, à sa beauté et à se bienfaits. Humaniste et spirituel, son travail nous invite à méditer sur le cycle de la nature et l’infinie richesse de la terre auquel il associe les qualités et la diversité humaines.


Mille terre mille vies. En contraste avec les installations monumentales envahissantes de Vincent Lamouroux (Néguentropie en 2012) et des Frères Chapuisat (Le Buisson Maudit en 2013), l’abbaye de Maubuisson offre en 2014 une invitation à la méditation avec les œuvres du plasticien japonais. Elle rassemble sous le nom mille terres mille vie quatre installations choisies par l’artiste.


Dans la salle du Parloir nous accueille lune_eau_terre_soleil. Un cercle de 108 coupelles transparentes (nombre sacré dans les religions orientales et nombre de grains du chapelet bouddhiste) contenant des terres anciennement collectées par l’artiste au Japon forme un arc-en-ciel minéral disposé en ordre chromatique. Ayant été mêlées à de l’eau de l’abbaye, elles ont ensuite craquelé lors de son évaporation et évoquent la fragilité de notre univers.


Dans la salle du Chapitre, un large plateau se fait le dépositaire de 365 flacons de verre contenant les récoltes de Kurita en Poitou-Charentes, classées par couleur et portant les noms des villes et villages de prélèvement. Il nous réapprend ainsi, comme dans l’installation suivante, l’infinie diversité de la terre, et que nous sommes faits de cette vie-là.


Dans la salle des religieuses, sont disposés au sol sur du papier végétal 1000 échantillons de terre récoltés depuis 2007 et classés cette fois chronologiquement et provenant de lieux situés dans un rayon de 300 km autour de Saint-Ouen l’Aumône. La variété inimaginable des couleurs composant nos sols est d’une infinie diversité, du bleu au violet et au rose, de l’anthracite au violet et au vert… organisant une composition abstraite d’un grand raffinement.


Le petit espace des anciennes latrines, dernier lieu du parcours, n’accepte que deux visiteurs à la fois. Le recueillement est de mise devant la bouteille qui se dresse sur un socle, muséifiée, mise sous cloche en face du jardin de l’abbaye comme un vestige d’une époque révolue. Il s’agit en effet d’un prélèvement de terre fait par l’artiste en 2004 à Fukushima quand la terre était encore pure et cultivée. « Une œuvre éminemment symbolique. Cette terre a été collectée avant le séisme, avant le tsunami, avant l’accident nucléaire de Fukushima. L’oeuvre s’intitule INNOCENCE. Le crime est humain. La terre est innocente. » Kôichi Kurita, 2011.


Au Japon, l’artiste expose quatre œuvres dans un temple de Tokyo dans le même esprit. Trois récipients contiennent des terres d’Hiroshima, de Nagasaki et de Fukushima. Le quatrième est vide….


L’exposition dans l’Orangerie du Domaine de Chamarande complète celle de l’abbaye de Maubuisson en dévoilant la Bibliothèque de terres d’Île-de-France avec toutes ses richesses de couleurs et de textures. Une série de photographies réalisées à travers des mises en scène de terres dans divers sites du domaine complète cette présentation avec une vidéo de travail de l’artiste et un ensemble de cartes postales comportant des pastilles de terre collées envoyées à Chamarande depuis le début de ses expériences en mars 2013.


Yayoi Kusama, Dots Obsession, Le Lait, les Moulins Albigeois

© ArtCatalyse / Marika Prévosto 2014. Tous droits réservés

Exposition du 12 mars au 5 octobre 2014. Abbaye de Maubuisson, avenue Richard de Tour – 95310 Saint-Ouen l ’Aumône. Tél. : +33 (0)1 34 64 36 10. Ouverture en semaine sauf le mardi de 13h à 18h, samedi, dimanche et jours fériés de 14h à 18h.





Exposition du 9 mars au 11 mai 2014. Orangerie du Domaine de Chamarande, 38 rue du Commandant Arnoux – 91730 Chamarande. Tél. : +33 (0)1 60 82 52 01. Ouverture tous les jours en mars de 9h à 18h, à partir d’avril de 9h à 19h.




Archives expositions personnelles France

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Vues d’expositions


Après sa résidence effectuée dans la région francilienne de mai à juillet 2013, l’artiste japonais Kôichi Kurita est invité pour deux expositions complémentaires au Domaine de Chamarande dans l’Essonne, du 9 mars au 11 mai et à l’abbaye de Maubuisson dans le Val d’Oise, du 12 mars au 5 octobre.


Les Bibliothèques de terre de Kôichi Kurita. Les recherches de Kôichi Kurita traduisent la profondeur méditative de la philosophie japonaise et la pureté de sa culture autour d’un matériau : la terre. C’est au retour d’un long voyage de noces que Kôichi Kurita entame sa collecte de terres au Japon, en commençant par son propre jardin. Depuis les années 1990, il sillonne les îles de son pays à l’instar des marcheurs du Land Art, Hamish Fulton, Richard Long et Andy Goldsworthy. Il ne se réclame cependant d’aucun courant artistique et préfère citer comme son maître à penser le réalisateur russe Andrei Tarkovski, dont les sujets ont un caractère culturel – métaphysique même, touchant la sensibilité des spectateurs de manière quasi universelle.












































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Kôichi Kurita, deux expositions en Île-de-France

Domaine de Chamarande, 09.03 - 11.05.2014
Abbaye de Maubuisson, 12.03 - 05.10.2014