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L’art qui dialogue avec l’environnement

Communiqué de presse

Quoiqu’il cite plus volontiers parmi ses contemporains Hamish Fulton, Carl Andre ou Lawrence Weiner, Richard Long est trop systématiquement associé aux émergences américaines du Land Art, de l’art environnemental et des Earth Works initiées vers 1967. Comme elles, le sculpteur utilise le cadre et les matériaux de la nature, comme elles, les œuvres crées in situ subissent l’érosion du temps dont il ne reste que le souvenir photographique. A l’instar de Robert Smithson, Long intervient dans le lieu de l’œuvre en déplaçant, transportant, accumulant et traçant les matériaux mais sur un mode de « transformation douce », reposant sur l’utilisation d’un matériel rudimentaire fourni par le paysage, à échelle humaine et soumis aux contraintes naturelles. Lui-même l’affirme avec force : « pour moi, Land Art est une expression américaine. Cela veut dire des bulldozers et de grands projets. C’est de la construction sur de la terre qu’ont achetée les artistes, le propos est de faire un grand monument permanent, cela ne m’intéresse pas du tout ». L’appellation Land Art est aussi pratique qu’imprécise puisqu’elle rassemble certaines œuvres de l’Arte Povera ou de Supports-Surfaces dans leur rapport entretenu avec la nature. Est-ce placer un artefact dans la nature ? Est-ce encore faire entrer le naturel dans l’espace muséal ? Est-ce plutôt utiliser le naturel dans le paysage ? Quarante années depuis, la question demeure.

A Line made by Walking, œuvre séminale du sculpteur datant de 1967, tient lieu de programme ; en effet, une ligne faite en marchant, sera pour lui un concept évolutif reposant sur le fait que l’art est fait en arpentant le lieu, que des photographies seront réalisées pendant le chemin et que les marches sont établies à partir de textes, les Textworks. Pour Long, un texte est une description, l’histoire d’une œuvre dans le paysage ainsi que le moyen le plus simple de présenter une idée qui puisse être une marche ou une sculpture, soit les deux. « Chaque marche indique l’artiste, bien qu’elle ne réponde pas à une définition conceptuelle, réalise une idée particulière (…). Ainsi, chacune comme art me procure un moyen idéal pour explorer les relations entre temps, distance, géographie et mesures topographiques. Ces marches sont enregistrées ou décrites de trois manières différentes : par des cartes (les Map Works), des photographies ou des textes. Et l’artiste de préciser : « une carte peut être utilisée pour préparer une marche. Elle peut aussi aider à faire une œuvre d’art. Les cartes sont porteuses d’informations ; elles montrent l’histoire, la géographie et la typonomie des lieux. Une carte est une combinaison artistique et poétique de l’image et du langage ».

« Marcher me met à même d’étendre les frontières de la sculpture qui peut désormais avoir pour sujet le lieu, tout autant que le matériau (bois, pierre ou eau) ou la forme (ligne, cercle, spirale et plus rarement la croix) ». Pour lui, autant que la ligne, le cercle est un thème constant qui lui permet de faire une marche en un cercle, de faire un cercle de pierres, de boue ou de mots. Et plus précisément d’ajouter que « les Landscape Sculptures habitent le riche territoire entre deux positions idéologiques, entre faire un monument ou réciproquement à ne laisser que des empreintes de pieds. Une sculpture peut être déplacée, dispersée ou transportée. Les pierres peuvent être des marqueurs de temps et de distance ou existent comme parties d’une sculpture anonyme plus importante ».

Déjà présent au MAMAC en 2004 dans l’exposition collective Intra-Muros, Richard Long se voit ici offrir une carte blanche afin de créer in situ des œuvres éphémères associées aux sculptures et photographies. Ne prétendant à aucune exhaustivité rétrospective, la présente exposition regroupera des travaux récents, donc pérennes, à des œuvres réalisées in situ sur les cimaises du musée. Plus précisément, Long présentera des photographies issues de ses derniers voyages (Inde, Egypte et Afrique du Sud) ainsi que des sculptures de la série Fingerprints réalisées sur des objets en bois (piquets de tentes touaregs, dossiers de campement ou tablettes coraniques) glanés entre Agadez, au Niger et Essaouira au Maroc. Pour l’arpenteur du monde qu’il est, présenter un travail muséal au public ou œuvrer dans l’Himalaya n’est pas antinomique, bien au contraire : « les deux types de travaux, à l’intérieur ou à l’extérieur, ont la même raison d’être. Je suis le même artiste avec la même sensibilité, bien qu’il soit important que je puisse travailler en pleine nature, dans la solitude d’esprit. Peut-être que ces travaux ne seront vus par personne, mais il est nécessaire que le public en connaisse l’existence par les photographies, les cartes ou les textes, sans qu’il ait vu les œuvres elles-mêmes dans le paysage ».











Exposition du 31 mai au 16 novembre 2008. MAMAC Musée d'art moderne et contemporain de Nice, Promenade des arts - 06364 Nice Cedex. Tél.: +33 (0)497 13 42 01. Ouverture tous les jours sauf le lundi de 10h à18h. Photographies du catalogue de l'exposition.

A consulter également: le site de l'artiste: www.richardlong.org

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Parallèlement, les œuvres crées in situ couvriront un triple champ : deux Landscape Sculptures, un Text Work et surtout des Mud Drawings dessinés à la main à l’aide d’un gant de vaisselle. Les deux sculptures au sol sous forme de cercle ou d’arc-de-cercle utiliseront des pierres équarries rouges ou blanches de La Turbie ou d’Auvergne ; la spirale, les hexagrammes et l’arc de boue seront composés quant à eux de boue du fleuve Avon (baignant sa ville natale de Bristol et lieu de marches innombrables autour de Dartmoor et Exmoor), d’argile de Vallauris et de kaolin. Pour l’artiste, la boue est un médium à mi-chemin entre la pierre et l’eau, entre peinture et sculpture, facilement transportable dans n’importe quelle partie du monde.

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Richard Long, La sculpture en marchant
Mamac de Nice
31.05 - 16.11.2008