Pour les artistes explorant les thèmes de la violence envers les humains et les animaux, la frontière est mince entre s’engager de manière réfléchie et choquer inutilement le spectateur ; être sensationnellement explicite peut repousser les gens, alors qu'être tacite ou inoffensif peut ne pas avoir d'impact. L'artiste new-yorkaise Tamara Kostianovsky suit avec succès cette voie depuis deux décennies avec ses sculptures textiles qui prennent souvent la forme de carcasses d'animaux suspendues de manière poignante à des crochets métalliques comme dans un abattoir. Des cages thoraciques et os de pattes mutilés de bovins et de porcs aux corps sans vie de faisans, d'oies et autres gibiers à plumes, le réalisme macabre du travail de Kostianovsky est contrebalancé par les textures douces et les couleurs vibrantes des matériaux qu'elle utilise, à savoir les vêtements mis au rebut, qu'elle déniche principalement dans son propre placard. Pour créer une taxidermie en tissu, il faut une imagination débridée et une technique méticuleuse pour parvenir à transformer des vêtements, des serviettes et des draps usés en tons chair naturalistes, en ligaments sanglants, graisse animale richement texturée et plumes d'oiseaux exotiques.

Le travail de Kostianovsky parle de notre intimité bien trop confortable envers la violence avec les animaux, mais son travail aborde également des questions sociologiques, géopolitiques et écologiques plus vastes. L'utilisation de tissus jetés, par exemple, témoigne de notre culture de consommation et plus particulièrement des effets négatifs de l'industrie de la fast fashion sur la planète ; « La nature faite chair », une série de souches d'arbres ressemblant à de la chair et de bûches abandonnées, est un symbole de dévastation environnementale, tandis que « Fowl Decorations », une série de tapisseries tridimensionnelles, subvertit l'iconographie exotique des motifs de papiers peints français de l'époque coloniale. En même temps, l'incorporation de garde-robes féminines dans des restes d'animaux est une dénonciation de l'influence de l'autoritarisme sur le corps féminin, un problème dont elle a pris conscience en grandissant en Argentine sous la dictature militaire des années 1970 et 1980.

Kostianovsky s'éloigne largement de la pratique standard de l'avant-garde d'aujourd'hui car elle a le talent nécessaire pour l'emmener là où elle veut aller. Elle fabrique des objets dignes de la délectation. Les centaines de pièces de tissus soigneusement choisies et méticuleusement associées qui composent ses sculptures leur permettent de ravir les yeux. Là où un autre artiste s'en prendrait très probablement à la sensibilité du spectateur en pensant que seule une attaque frontale peut pénétrer le cynisme et l'indifférence du témoin – on peut citer Philippe Cognée, peintre expressionniste entre autres de la chair et de ses flux, qui, dans le sillage de Francis Bacon et de Rembrandt, envisage la peinture du côté de la sensation, du sang qui coule sous les veines, de la torsion hystérique des muscles et des corps - , elle fait confiance à ces beaux objets pour évoquer la sympathie, plutôt que la culpabilité de son public.

Ce que Kostianovsky parvient à faire n’est rien de moins qu’aborder visuellement les deux côtés d’un argument de longue date qui a jusqu’à présent échappé à une solution simple. Pour la population animale carnivore de la planète, ces carcasses représentent la promesse de plaisir et le moyen de prolonger leur vie. De même, ses arbres abattus et partiellement sciés  témoignent d'un matériau précieux pour enfermer et faciliter la vie, aussi beau et vertueux que fonctionnel. En même temps, ces représentations rappellent également qu’outre leur beauté, ces objets étaient autrefois des animaux et des arbres vivants, magnifiques. Leurs destins, tels qu’ils sont observés désormais, ne peuvent manquer de mettre l’observateur face à une terrible vérité.

Tamara Kostianovsky est née en 1974 à Jérusalem, en Israël, et a grandi à Buenos Aires, en Argentine. Elle a obtenu une licence en beaux-arts à l'École nationale des beaux-arts "Prilidiano Pueyrredón" de Buenos Aires (1998) et une maîtrise en beaux-arts à la Pennsylvania Academy of the Fine Arts, Philadelphie, PA (2003).

Archives expositions personnelles France

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Communiqué de presse

Tamara Kostianovsky présente à la galerie RX Paris sa dernière série, Tropical Abattoir, dans laquelle elle a incrusté des carcasses d'animaux avec une corne d'abondance de fleurs tropicales, d'oiseaux et de vignes. Les œuvres ont été accrochées à des crochets de boucherie pour imiter une chambre froide.  Cette danse presque indétectable, sorte de tango silencieux et sans paroles, est à l'origine du titre de l'exposition.

 

 

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Gilles Aillaud, Le silence sans heurt du présent

En coproduction avec les Musées des beaux-arts de Rennes et de Saint-Rémy de Provence, cette rétrospective parrainée par la Fondation d’Entreprise Michelin est la première grande exposition consacrée à l’artiste depuis 10 ans. Une cinquantaine de tableaux provenant de grandes collections publiques et privées seront exposés au FRAC Auvergne.

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Exposition du 10 décembre 2016 au 05 mars 2017.
Fondation Maeght, 623 chemin des Gardettes – 06570 Saint-Paul de Vence. Tél. : +33 (0)4 93 32 81 63. Ouverture tous les jours de 10h à 18h.

Exposition du 10 décembre 2016 au 30 mars 2017.

Espace de l’Art Concret, château de Mouans – 06370 Mouans-Sartoux. Tél. : +33 (0)4 93 75 71 50. Ouverture du mercredi au dimanche de 13h à 18h.

À l’Espace de l’Art Concret, mettant en jeu le concept d’art total dans C’est à vous de voir..., , Pascal Pineau investit les espaces du Château pour en retrouver la fonction originelle, interrogeant la valeur d’usage des œuvres. Expérimentant les limites du décoratif et de l’ornemental, il ouvre un dialogue entre pièces issues de l’artisanat, du design, objets de brocante et œuvres d’art ‘proprement dites’. Ainsi, les salles d’exposition se transforment en une succession d’espaces domestiques fictifs. Cuisine, bureau, salon, chambre d’enfant, suite parentale… chaque pièce peut se percevoir comme un portrait en creux de l’artiste qui pose un regard introspectif sur une trentaine d’années de pratique artistique.

Sur l’invitation de Pascal Pinaud, Alexandre Curtet, fondateur de Loft interior designers, a été sollicité pour concevoir l’aménagement intérieur de ces espaces en dialogue avec ses œuvres, mais aussi celles d’artistes avec lesquels ce dernier partage des affinités esthétiques, comme Noël Dolla, Mathieu Mercier, Natacha Lesueur, Philippe Ramette…