L’art qui dialogue avec l’environnement

Anne-Marie Filaire, Terres troubles

CRP, Douchy-les-Mines

01.06 - 06.10.2024

Communiqué de presse

Artiste à la carrière fructueuse, Anne-Marie Filaire interroge les notions de frontières et de paysages sous tension. Terres troubles met en dialogue un travail sur l’extractivisme réalisé dans d’immenses sites récepteurs de terres aux portes de Paris à une nouvelle production, fruit d’une résidence au CRP/. Il instaure une approche politique et historique du territoire à travers une fascinante enquête sur un tableau polémique.

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Gilles Aillaud, Le silence sans heurt du présent

En coproduction avec les Musées des beaux-arts de Rennes et de Saint-Rémy de Provence, cette rétrospective parrainée par la Fondation d’Entreprise Michelin est la première grande exposition consacrée à l’artiste depuis 10 ans. Une cinquantaine de tableaux provenant de grandes collections publiques et privées seront exposés au FRAC Auvergne.

Exposition du 10 décembre 2016 au 05 mars 2017.
Fondation Maeght, 623 chemin des Gardettes – 06570 Saint-Paul de Vence. Tél. : +33 (0)4 93 32 81 63. Ouverture tous les jours de 10h à 18h.

Exposition du 10 décembre 2016 au 30 mars 2017.

Espace de l’Art Concret, château de Mouans – 06370 Mouans-Sartoux. Tél. : +33 (0)4 93 75 71 50. Ouverture du mercredi au dimanche de 13h à 18h.

À l’Espace de l’Art Concret, mettant en jeu le concept d’art total dans C’est à vous de voir..., , Pascal Pineau investit les espaces du Château pour en retrouver la fonction originelle, interrogeant la valeur d’usage des œuvres. Expérimentant les limites du décoratif et de l’ornemental, il ouvre un dialogue entre pièces issues de l’artisanat, du design, objets de brocante et œuvres d’art ‘proprement dites’. Ainsi, les salles d’exposition se transforment en une succession d’espaces domestiques fictifs. Cuisine, bureau, salon, chambre d’enfant, suite parentale… chaque pièce peut se percevoir comme un portrait en creux de l’artiste qui pose un regard introspectif sur une trentaine d’années de pratique artistique.

Sur l’invitation de Pascal Pinaud, Alexandre Curtet, fondateur de Loft interior designers, a été sollicité pour concevoir l’aménagement intérieur de ces espaces en dialogue avec ses œuvres, mais aussi celles d’artistes avec lesquels ce dernier partage des affinités esthétiques, comme Noël Dolla, Mathieu Mercier, Natacha Lesueur, Philippe Ramette…

De son Auvergne natale abritant l’Observatoire photographique du paysage jusqu’aux zones tumultueuses du Proche et du Moyen-Orient (Israël, Palestine, Liban, Yémen…), Anne-Marie Filaire observe le monde à travers le prisme de sa photographie personnelle, puissante et exigeante. Attirée initialement par les déserts, elle croise lors de ses nombreux voyages la violence intrinsèque à certaines contrées et inscrit dès lors son travail dans des environnements instables. Elle observe le résultat du traumatisme de la guerre sur les paysages, et explore les espaces marqués par les stigmates des conflits armés. La photographie lui permet de comprendre et raconter ce qui se joue là, sur ces terrains minés.

Cerner le parcours accompli par la photographe française est indispensable pour comprendre combien les deux projets présentés au CRP/ sont si particuliers et cohérents dans la continuité d’une œuvre méticuleusement élaborée depuis trois décennies. L’exposition Terres troubles présente en première partie un travail réalisé entre 2019 et 2021 dans la périphérie de Paris. Alors contrainte sur place par la pandémie de Covid 19, Anne-Marie Filaire découvre d’étranges sites, sortes de no man’s land que personne ne traverse, excepté un ballet de camions déversant des bennes de terres. La vocation de ces lieux consiste à accueillir des milliers de mètres cubes de terres provenant de chantiers de construction. La transformation de la métropole induit des bouleversements profonds du sous-sol. Pour chaque nouvel immeuble qui se dresse et chaque nouvelle station de métro qui vient prolonger les lignes depuis la capitale, ce sont des tonnes de terres qu’il faut évacuer puis stocker. Ces espaces organisés en strates et par « casiers » sont les récepteurs de ces terres excavées. Presque quotidiennement, Anne-Marie Filaire s’attache à documenter la topographie de plusieurs de ces sites. Elle observe la lumière évoluer selon les saisons, la météo, le moment de la journée. Sur de grandes planches, similaires aux contacts, elle imprime cette exploration méthodique.

Elle rend visible le temps qui passe sur ces montagnes et ces précipices créés de toutes pièces par l’homme et son irrépressible besoin de produire, construire, transformer. Devant ces images, on sent bien que ces endroits spécifiques ont provoqué chez Anne-Marie Filaire une détonation et une réflexion autant esthétiques qu’éthiques. Allégorie des temps actuels, de l’Anthropocène, ces sites traduisent toute la nature excessive de l’Homme.

Au cœur de l’exposition, un livre publiant les écrits de la photographe. Produit sous le nom « Récit d’un effacement » lors d’une résidence à la Fondation Jan Michalski en 2023, il transcrit ce qu’elle a éprouvé au cours de cette expérience étrange vécue au contact de l’inerte durant le confinement, ses impressions, ses émotions face aux couleurs, à la lumière, à l’horizon… Son expérience physique aussi dans ce territoire désert, cet univers silencieux, dans l’immensité, dans la solitude, face à ce qui deviendra un sujet, des images, une œuvre.

« C’est là où nous sommes. Paris effectue sa mutation. La capitale française se transforme en un ‘Grand Paris’, et, alors que la société est confinée, le BTP travaille à plein, dévitalisant le sous-sol de la région parisienne de ses terres profondes, les acheminant par camion sur la périphérie de la nouvelle métropole, dans des territoires circonscrits, d’immenses chantiers, des ISDI (note), où je vais me rendre pour observer leur arrivée, leur enfouissement, leur mutation et par là-même celle de tout un paysage. J’ai conscience que ce phénomène est quelque chose d’unique, de démesuré à l’échelle de Paris, que ce mouvement des terres, cette économie souterraine, échappe à notre regard. Je m’installe dans le temps de cette mutation profonde et j’enregistre par l’image la transformation du territoire en suivant le mouvement de ces chantiers. » Extrait de Récit d’un effacement, Anne-Marie Filaire, Backland Editions, 2024

« Marcher, dans le vent, sur le sommet qui domine les plaines alentour, un sommet qui forme un cratère. Je marche sur le pourtour de ce cratère cherchant les images. Le vent siffle dans mon casque. Je dois m’accroupir pour changer d’optique, éviter les poussières, inventer un abri sous mon anorak. Je photographie une terre mise à vif, je la scanne, plonge mon regard en elle, j’avance avec elle jusqu’au moment où, arrivant à l’extrémité du cratère dont je m’éloigne, elle disparaît à ma vue. C’est là que je m’arrête, que j’ouvre le champ au grand angle et que j’englobe l’espace entier avant de la quitter, que j’attends encore, devant elle, projetant mon ombre dans le paysage, désert. » Extrait de Récit d’un effacement, Anne-Marie Filaire, Backland Editions, 2024

Dans sa seconde partie, l’exposition restitue le fruit du travail produit en résidence au CRP/. Invitée pour être la première récipiendaire du nouveau programme «Expérience» élaboré par le centre d’art, le premier en France réservé aux artistes photographes de plus de soixante ans, Anne-Marie Filaire a parcouru le Bassin minier. Dans un premier temps, elle se lance en quête de pistes pouvant lier sa précédente série sur les terres excavées du Grand Paris aux enjeux et problématiques liés aux sols ayant vécu l’histoire minière. Ses séjours sur le territoire, ses rencontres et ses différentes phases de recherche l’ont embarquée dans une autre direction.

Outre deux œuvres photographiques, Anne-Marie Filaire a produit un film intitulé « La Tribune ». Il s’agit d’une enquête autour d’un tableau éponyme du peintre André Fougeron (1913-1998), figure du Nouveau Réalisme français et peintre officiel du Parti communiste après-guerre. Dans ce film d’entretiens, le sixième réalisé par l’artiste, qui renoue avec cette pratique qui a jalonné son parcours, elle enregistre plusieurs protagonistes. Chacun avec son expérience ou son expertise, nous replonge dans le passé. Le conservateur, l’historienne spécialiste des mouvements ouvriers, l’ancien mineur entre autres, évoquent et confrontent les grandes grèves des mineurs de 1948, les polémiques artistiques entre académisme et engagements politiques et les liens entre la sphère sociale et le monde de l’art.

Commissariat : Audrey Hoareau, directrice du CRP/.

Exposition labellisée dans le cadre des 40 ans du Centre Historique Minier de Lewarde.

Exposition du 1er juin au 06 octobre 2024. CRP/ Centre régional de la photographie Hauts-de-France, place des Nations - 59282 Douchy-les-Mines. Tél. : +(0)3 27 43 56 50. Entré libre du mardi au vendredi de 13h à 17h, samedi, dimanche et jours fériés de 14h à 18h.