ArtCatalyse : l'art qui dialogue avec l'environnement

Prix décernés


  L’art qui dialogue avec l’environnement



Dörte Eissfeldt Lauréate Edition 2025

Prix Viviane Esders




Suivant

Réuni par Viviane Esders, le jury  a décerné le Prix Viviane Esders 2025 à la photographe allemande, Dörte Eißfeldt. La lauréate reçoit une dotation de 50 000 €, les deux autres finalistes, Oleksandr Suprun et Bohdan Holomíček, reçoivent chacun 5 000 €. Le jury a choisi de distinguer une démarche artistique affirmée tout au long d’une carrière de plus de quarante ans. Son attention a été particulièrement attirée par la cohérence, la poésie et la réflexion sur le medium de l’œuvre de Dörte Eißfeldt.

Cette année le prix a reçu 222 candidatures provenant de 25 pays européens, dont 32 % de femmes photographes et 68 % d’hommes photographes, une augmentation encourageante pour les candidatures féminines (28 % en 2024) et une plus grande représentation de pays (17 en 2024). 42 des candidatures présentées ont été suggérées par les nominateurs, experts européens de la photographie qui participent à la recherche d’artistes.








 Tageslichte 67 (Daylight), 2017 © Dörte Eissfeldt

Dörte Eissfeldt

Née en 1950 à Hambourg en Allemagne, Dörte Eißfeldt est une figure de la photographie contemporaine allemande, dont l’oeuvre explore les potentialités formelles et conceptuelles du médium..

La pratique artistique d’Eißfeldt s’articule autour d’une interrogation sur le statut et les procédés de l’image photographique. « La photographie est pour moi un travail à partir de fragments de réalité ; c’est une expérimentation avec la matière, qu’elle soit issue du processus analogique ou numérique, avec pour objectif de créer, à travers l’œuvre, un lien autonome, intense et en même temps ouvert avec le monde. Il s’agit de laisser agir — ou advenir — dans l’image ce qui est sauvage, obscur, insaisissable, ou beau, sous une forme ouverte, stimulante, surprenante, qu’elle soit très grande ou infiniment petite. ».

Elle manipule lumière, chimie et papier dans des processus analogiques et hybrides, confrontant les techniques traditionnelles — solarisation, montage, expositions multiples — à celles des nouveaux procédés numériques. Au fil de ces projets, Eißfeldt poursuit une quête profonde : dépasser la simple représentation pour révéler la photographie comme objet processuel, dont la matérialité, l’histoire technique et la mise en tension conceptuelle façonnent un univers visuel à la fois poétique, réflexif, marqué par la surprise et l’intensité.


Parmi ses séries phares, Generator (1987–1988) et Schneeball/Boule de neige (1988) attirent l’attention. Dans Schneeball, à partir d’une seule et unique photographie représentant une boule de neige posée dans la paume d’une main, Dörte Eißfeldt réalise de nombreux tirages, modulant lumière, échelle et tonalité, entrainant le spectateur vers un spectacle cosmique — une sphère roulant dans l’obscurité — qui glisse vers une expérience plus intime. Plus tard, la série Haut/Peau (1991) joue avec les oppositions à travers les antonymes doux/dur, clair/sombre, brillant/mat, face/dos. Le tranchant acéré d’un couteau domine le centre de chaque image, sa pointe entrant en contact direct avec la peau. Ce point de contact — potentiellement blessant — trace la ligne ténue entre la forme et la matière, entre le fait et le fantasme, l’agressivité et la tendresse. Pour Agfa Brovira (2011), les versos de tirages exposés sur du papier vintage ont été photographiés numériquement en studio à la lumière d’un soleil éclatant, comme un hommage à la photographie argentique dans l’indifférence du champ numérique. La série HimmelHimmel/CielCiel (2017) explore les illusions chromatiques et spatiales de ciels apparemment parfaits, résultat de photographie manipulés avec une intelligence artificielle.

Dörte Eissfeldt Lauréate Edition 2025 du Prix Viviane Esders Partager sur Facebook Partager sur Twitter Partager par e-mail Imprimer Partager sur LinkedIn

  © ArtCatalyse / Marika Prévosto 2007 - 2025. Tous droits réservés

Tageslichte 67 (Daylight), 2017 © Dörte Eissfeldt