Le texte de Stéphanie Barbon


Les beaux jours. C’est le titre que François Méchain donne à l’ensemble des oeuvres qu’il présente pour le Parcours Contemporain de Fontenay le Comte. Cet intitulé fait référence, à un mot près, au titre d’une pièce de Samuel Beckett dont l’ensemble du théâtre se préoccupe métaphoriquement de l’absurde. Depuis quelques années, ses recherches questionnent l’individu en société, ses obligations de citoyen, ses droits et devoirs. Le monde change. François Méchain interroge cette ambiguïté, ce monde « insensé » au sens premier du terme, ce à quoi nous sommes confrontés au quotidien, ce que nous sommes souvent condamnés à subir, mais aussi nos responsabilités personnelles.


Jardin et cave de la Maison Chevolleau

L’installation dans le jardin est un étendoir, fait de fils barbelés, sur lequel sont jetés des vêtements d’enfants usagés. La corde à linge fait face à la ville et à la rivière Vendée qui a donné son nom au département. Si chaque habit porte en lui sa propre histoire, celle des familles fontenaisiennes qui ont accepté de prêter des tenues ayant appartenu à leurs enfants, c’est plus largement qu’il faut envisager la métaphore. L’agressivité visuelle de ce fil remémore ainsi l’activité répétitive et épuisante des femmes qui descendaient encore au début du XXe siècle à la rivière par la ruelle, entre le jardin et le marché couvert actuel, pour y laver leur linge ; mais aussi les cruelles confrontations entre huguenots et catholiques, les guerres de Vendée dont la région fut le théâtre ou, plus actuels, les conflits mondiaux dans lesquels des milliers d’enfants sont quotidiennement impliqués.

En parallèle, lors de la descente dans la cave, vide de tout objet, l’oreille du spectateur est soumise au fracas assourdissant de sons de supermarchés, heurts de cadis et bruits de caisses enregistreuses. L’absurdité de la consommation détourne notre attention des risques grandissants qui pèsent sur le monde.


Musée vendéen

Les photographies exposées au musée font référence à la question de l’Autre, à celle de la Différence. Deux triptyques entre lesquels se place le spectateur : Précaires territoires. À quoi sert une frontière ? François Méchain expose les deux côtés du col d’Agnel qui matérialise la séparation entre la vallée du Queyras en France et celle de la Varaita en Piémont. Ayant observé la liberté de mouvement des animaux au-delà des frontières administratives, l’artiste a érigé de part et d’autre du col une ruche à dimension humaine à l’intérieur de laquelle chacun peut entrer. Comme celui qui a compris que l’on s’enrichit surtout de l’Autre, l’abeille ne survit que si elle « pollinise », que si elle prend pour donner. Métaphore de l’Homme qui franchit une frontière apportant avec lui sa culture, son histoire et son savoir.

Deux autres images, D’un côté ou de l’autre, réalisées en Brabant, à la limite de la pratique des langues flamande et wallonne. Un endroit entre deux mondes qui refusent désormais de cohabiter, remettant en cause l’identité même du Royaume de Belgique, nous invitent à nous interroger sur notre devenir.

La dernière pièce, L’arbre aux échelles, est la photographie d’une sculpture in situ de François Méchain dans le parc du Domaine de Chaumont-sur-Loire, se référant au roman Le Baron perché d’Italo Calvino. C’est « une invitation poétique à regarder le monde d’un autre point de vue, de plus loin, de plus haut. Retraite dans la nature, invitation à s’élever au-delà de la médiocrité et des pollutions réelles et morales de notre monde, ces échelles figurent des échappatoires offertes à l’imaginaire. » (Chantal Colleu-Doumont)








































































 







François Méchain, Les beaux jours, 2012. Projet citoyen, dessin préparatoire. © Courtoisie galerie Michèle Chomette, Paris et Galeria Spectrumsotos, Zaragoza, Espagne

François Méchain, Les beaux jours, 2012. Projet citoyen, dessin préparatoire. © Courtoisie galerie Michèle Chomette, Paris et Galeria Spectrumsotos, Zaragoza, Espagne

Archives expositions personnelles (M)

L’art qui dialogue avec l’environnement

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François Méchain, Les beaux jours

Fontenay-le-Comte, divers lieux
07.07 – 29.09.2012

Exposition du 7 juillet au 29 septembre 2012. Fontenay-le-Comte, divers lieux, œuvres visibles du mardi au samedi de 14h30 à 18h. Manifestation gratuite.


© ArtCatalyse / Marika Prévosto 2012. Tous droits réservés

Isa Melsheimer, CIAP Ile de Vassivière

N°22 place Belliard

À travers la fenêtre, un ensemble de néons rouges clignotants ; quatre horaires et de la place libre pour un cinquième, le prochain. C’est Le temps nucléaire. Ces chiffres d’une précision implacable font référence aux heures auxquelles eurent lieu les explosions. Celles d’Hiroshima, de Nagasaki, de Tchernobyl et plus récemment de Fukushima.


Chapelle des Filles Notre-Dame

Au centre de la chapelle, espace de recueillement aujourd’hui désaffecté, un globe constitué de fil de fer barbelé est posé sur un socle blanc. Cette sculpture se veut métaphore de l’état du monde actuel. Depuis Galilée on sait que la Terre tourne, mais tourne-t-elle bien ?


François Méchain, Les beaux jours (Démocratie), 2012. Projet de sculpture in situ, dessin sur papier 60 x 20 cm. © Courtoisie galerie Michèle Chomette, Paris et Galeria Spectrumsotos, Zaragoza, Espagne



François Méchain, D’un côté ou de l’autre 2, Nodebais - Tourinnes, Belgique, 2009. Radeau, chaises prêtées par les gens du village, photo couleur. © Courtoisie galerie Michèle Chomette, Paris et Galeria Spectrumsotos, Zaragoza, Espagne

François Méchain, D’un côté ou de l’autre 2, Nodebais - Tourinnes, Belgique, 2009. Radeau, chaises prêtées par les gens du village, photo couleur. © Courtoisie galerie Michèle Chomette, Paris et Galeria Spectrumsotos, Zaragoza, Espagne


Orangerie

Sur le mur du fond de l’0rangerie, une petite phrase en néon rouge clignote : Ce qu’on en fait. François Méchain revendique ici l’esprit de l’oeuvre de Paul Virilio, urbaniste et philosophe selon lequel le progrès technique nous mène à notre propre perte.


Jardin public de l’Hôtel de Ville

Un mur en pierre de 5 m de long et d’1,20 m de hauteur environ sur lequel le mot Démocratie tend à devenir de plus en plus illisible est en train de s’écrouler. Les mauvaises herbes et la déliquescence du matériau prennent le dessus. Fragilité de la démocratie ? Certainement. Rien n’est définitivement acquis…

François Méchain, Les beaux jours (Démocratie), 2012. Projet de sculpture in situ, dessin sur papier 60 x 20 cm. © Courtoisie galerie Michèle Chomette, Paris et Galeria Spectrumsotos, Zaragoza, Espagne