Archives expositions personnelles (M)
L’art qui dialogue avec l’environnement
Extraits du dossier de presse -
Sèvres – Cité de la céramique met un coup de projecteur, du 19 octobre 2011 au 2 janvier 2012, sur le travail de Myriam Mechita avec une véritable installation se déclinant en deux expositions : l’une, My name is nobody ( tu vas comprendre) se tient à Sèvres dans l’espace muséal dédié à la création contemporaine, et l’autre, L’Infini en plus, à la galerie de vente parisienne de la Cité.
L’exposition monographique de Myriam Mechita à Sèvres, My name is nobody ( tu vas comprendre) rassemble ses réalisations de porcelaine réalisées lors de sa résidence à la Cité, ainsi que des dessins, des sculptures et des installations produites entre 2008 et 2011. Comme à son habitude, elle investit tout l’espace des trois salles dédiées à l’art contemporain depuis les murs jusqu’au plancher en composant le décor, la scène, pour accueillir ses créations : pièces en porcelaine de Sèvres et en céramique, sculptures, broderies, dessins, bijoux…
Myriam Mechita a pensé le lieu comme un espace géographique où évolue le visiteur, entre mers – matérialisées par les étendues colorées et lumineuses qui glissent des murs jusqu’au plancher et sur lesquelles viennent s’échouer les œuvres – et monts, escarpements, constitués par les cervidés couchés, suspendus ou bien encore juchés sur des tables ; par un lit, une grotte, une cascade de chaînes… Les matériaux sont multiples : porcelaine, céramique, résine, latex, verre, acier poli, miroirs, mosaïques, tissus, perles, paillettes… Myriam Mechita est avide de matières pour exprimer son propos.
Le visiteur chemine progressivement dans ce paysage, évoluant jusque dans la profondeur nocturne de la grotte à la cascade ou bien vers la luminosité et les couleurs de la salle aux céramiques, au cerfs et aux broderies. Si la lumière, le scintillement et la couleur dominent l’espace, les thématiques de Myriam Mechita ne relèvent pas moins de la gravité : corps sans têtes, crânes déposés sur le sol ou sur des fagots, potences… Dans cet univers, une dualité permanente se joue entre la lumière et l’obscurité, entre les oiseaux éclatants de lumière, l’éclat des perles, des cristaux, de l’émail, des cerfs argentés ; et la brutalité des scènes évoquant la rupture, la séparation, la mort. Myriam Mechita est marquée par la brutalité du monde et par l’immersion soudaine de la violence dans le cours ordinaire des vies. Elle nous décrit une vie terrestre tel un paradis perdu. La finitude de l’existence, pensée omniprésente évoquée par de nombreuses vanités, conditionne l’intensité de son art.
Expositions du 19 octobre 2011 au 2 janvier 2012.
Sèvres – Cité de la céramique, 2 place de la Manufacture – 92130 Sèvres. Tél. : +33 (0)1 4 29 22 00. Ouverture tous les jours, sauf le mardi, les 25 décembre et 1er janvier de 10h à 17h.
Galerie de Sèvres – Cité de la céramique, 4 place André Malraux – 75001 Paris. Tél. : +33 ()1 47 03 40 20. Ouverture lundi et samedi de 14h à 19h, du mardi au vendredi de 11h à 19h.
L’Infini en plus constitue à Paris le second volet de cet opus imaginé par l’artiste. Fidèle à sa démarche, Myriam Mechita a fait évoluer ses recherches initiales au fil de ses séjours réguliers dans les ateliers de Sèvres, entre 2006 et 2011, lors de ses contacts avec les céramistes, en abordant de nouvelles techniques et modelant des matériaux pour mieux exprimer ses sensations. L’artiste fut invitée à s’immerger dans un lieu et un univers nouveaux pour elle afin de porter un regard neuf sur le répertoire de l’institution. On retrouve son vocabulaire formel, on retrouve ses perles et le jeu d’évocation qu’elle emploie souvent dans son travail. Les univers si particuliers qu’elle crée sont magnifiés ici par la qualité des grès et des porcelaines de Sèvres et la richesse de ses palettes.
Commissaire d’exposition : Jean-
Texte de Myriam Mechita
« Les territoires rouges apaches et cheyennes sont les espaces de projection qui ont fait naître les sculptures que j’ai imaginées pour Sèvres. Des territoires immenses, rocailleux, où des éléments végétaux animent le paysage écrasant. Dans ces espaces infinis, une branche en errance se transforme en barque perlée, les touffes d’épineux s’accrochent au vent, des myriades d’oiseaux sont prêtes à s’envoler dans l’instant…
De cette perception d’un désert sont nés, lors de ma résidence à Sèvres, un ensemble d’objets composé d’éléments mutants : huit sculptures qui représentent des états de latence, des arrêts sur image, des échanges en suspens, où l’animal figure écorché, où des chaînes de porcelaine entravent le tronc sur lequel est posé un crâne à deux bourgeons évoquant la renaissance, la résurrection, et qui s’anime de perles et d’assiettes décorées. Des flots de perle colorées, comme des rivières, s’écoulent des orbites et expriment la fuite inexorable mais à la fois imperceptible du temps. Le crâne disparaît presque sous la profusion des perles qui se répandent sur le sol et définissent un nouvel espace. Et ce morceau de bois se confond avec l’objet qu’il porte, devenant le creuset de feux et d’étincelles, d’éclats suspendus et de couleurs arc-
Cette installation est mon paysage, où les branches deviennent fagots ornés, les troncs renaissent, les flux s’épanchent, l’énergie vitale douce, fluide, cristallisée gagne l’ornementation.
Comme l’expression immuable du mouvement perpétuel et fascinant de la vie et de la mort. »
Exposition monographique Myriam Mechita
Sèvres -
19.10.2011 -
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