Exposition en cours
L’art qui dialogue avec l’environnement
Le texte de Anaïs Bonnel
Dans le cabinet d’arts graphiques du MRAC de Sérignan, Toma Dutter invite à entrer dans un décor qui révèle un dedans et un dehors, une construction humaine et un paysage tropical, aux prises avec une formation cyclonique dont le nom scientifique cyclogénèse a donné le titre à l’exposition.
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Gilles Aillaud
Important
Marika Prévosto
À
sandie hatem
jul 1 à 2h10 PM
Gilles Aillaud, Le silence sans heurt du présent
En coproduction avec les Musées des beaux-
.
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Exposition du 10 décembre 2016 au 05 mars 2017.
Fondation Maeght, 623 chemin des Gardettes – 06570 Saint-
Exposition du 10 décembre 2016 au 30 mars 2017.
Espace de l’Art Concret, château de Mouans – 06370 Mouans-
À l’Espace de l’Art Concret, mettant en jeu le concept d’art total dans C’est à vous de voir..., , Pascal Pineau investit les espaces du Château pour en retrouver la fonction originelle, interrogeant la valeur d’usage des œuvres. Expérimentant les limites du décoratif et de l’ornemental, il ouvre un dialogue entre pièces issues de l’artisanat, du design, objets de brocante et œuvres d’art ‘proprement dites’. Ainsi, les salles d’exposition se transforment en une succession d’espaces domestiques fictifs. Cuisine, bureau, salon, chambre d’enfant, suite parentale… chaque pièce peut se percevoir comme un portrait en creux de l’artiste qui pose un regard introspectif sur une trentaine d’années de pratique artistique.
Sur l’invitation de Pascal Pinaud, Alexandre Curtet, fondateur de Loft interior designers, a été sollicité pour concevoir l’aménagement intérieur de ces espaces en dialogue avec ses œuvres, mais aussi celles d’artistes avec lesquels ce dernier partage des affinités esthétiques, comme Noël Dolla, Mathieu Mercier, Natacha Lesueur, Philippe Ramette…
L’artiste propose aux visiteur·euses une plongée dans des paysages et plus particulièrement ceux de l’île de La Réunion, en écho à son expérience vécue lors du passage du cyclone Bejisa sur l’île en 2014. Tels les personnages dans ses dessins, ils·elles deviennent les spectateur·rices de la création de la nature dans un décor qui tente de reconstituer cette immersion vécue par Toma Dutter. Les sons intenses enregistrés pendant le cyclone – le vent et les bruits de tôles qui tapent – sont diffusés en continu.
L’espace d’exposition peut être appréhendé selon deux parcours différents, selon deux scénarios : entrer à l’intérieur d’une cabane en bois qui est une évocation de celle qui fut son refuge ou se trouver à l’extérieur, dans la nature exubérante de l’île, aux prises avec le cyclone.
« La cabane peut être considérée comme un abri temporaire. Toutefois, l’important n’est pas la question de l’abri, même s’il est nécessaire. L’important est la manière dont nous pensons et regardons la vie par rapport à cet abri. » Gilles Clément, jardinier, paysagiste, botaniste, entomologiste, biologiste et écrivain.
L’installation en bois suggère le mur intérieur d’une cabane. C’est un dispositif de vision sur l’extérieur, avec des fenêtres ouvertes sur des points de vue, sur des animations dessinées d’explosions de couleurs. C’est un abri qui protège d’un monde inhospitalier et imprévisible mais qui permet l’immersion avec cette ouverture sur les paysages.
Le dessin Cyclogénèses, est présenté comme une ouverture sur un extérieur qui décrit minutieusement la déconstruction d’un espace et l’envol de tous ses éléments constitutifs, dans un ballet fascinant. Entre construction et déconstruction, intérieur et extérieur, les visiteur·euses découvrent le décor imaginé par l’artiste comme un récit fragmenté dans lequel le temps n’est plus linéaire mais semble révéler un cycle perpétuel.
Ce refuge, bien que provisoire et fragile, apparaît pourtant comme la solution permettant de se protéger de la violence des perturbations naturelles responsables de la destruction régulière des constructions sensées protéger l’humain des aléas climatiques.
En référence à cette architecture temporaire intégrée à la nature, Toma Dutter présente une série de petites maquettes épurées et élégantes en bois, résultat de recherches architecturales traduites en trois dimensions. Ces abris ouverts invitent à la circulation du regard et offrent une potentialité de points de vue. Outils essentiels à la découverte de la nature, ces cabanes sont pour l’artiste le moyen de reconnecter l’intérieur et l’extérieur au moyen de nombreuses ouvertures et panneaux mobiles. Le début de ce travail est lié à la résidence « Sur le sentier des Lauzes » où il vécut, en Ardèche en 2013, dans le « Refuge », habitat autonome (sans eau ni électricité). Une seconde résidence artistiqueréalisée en Lozère, en 2018 et avec le soutien de l’association Artelozera, lui a permis de concrétiser par un geste de construction un habitacle provisoire en bois et métal.
À échelle 1, une « Capsule » est installée temporairement au Domaine de Boissets sur le causse de Sauveterre. Ces refuges, habitacles-
enfants.
Une des petites maquettes exposées dans la vitrine renvoie à une plus grande installée à hauteur de regard, sur une structure rappelant des pilotis. Cette cabane rappelle la stuga, petite cabane suédoise traditionnelle, qui trouve ses racines dans le désir de retourner à la nature. Elles étaient à l’origine des abris temporaires en bois, sans confort, utilisés par les travailleurs ruraux. Toma Dutter s’inspire surtout de son principe constructif qui révèle la trame de liteaux de bois comme si nous étions à l’intérieur de l’ossature. On peut voir aussi dans cette construction une influence japonisante ou l’évocation d’une case tropicale traditionnelle en bois dont les ouvertures génèrent une ventilation naturelle.
La grande maquette est installée devant un cyclorama incurvé en bois évoquant un fond de scène ou un fond de décor de théâtre qui, ici laissé brut, pourrait être utilisé comme un écran de cinéma. Le socle fabriqué par l’artiste, de la forme d’un trépied, fait écho à celui de l’appareil photographique ou de son ancêtre la camera obscura.
Au-
« lieux autres », dont certains ont un lien avec l’imaginaire comme le théâtre, le cinéma, le jardin, les musées et les bibliothèques.
En parallèle à la découverte de l’intérieur de la cabane, la deuxième entrée dans l’exposition de l’artiste invite à un état d’immersion dans la nature. Le décor est ici végétal. Durant la résidence en 2014 avec le Conservatoire botanique des Mascarins, sur l’île de la Réunion, il découvre notamment le cirque de Mafate. Espace seulement accessible en marchant, cet ancien coeur de volcan, le Piton des Neiges, est formé de milieux contrastés : les parois rocheuses et versants instables, peu végétalisés, font face à des remparts verdoyants et humides. D’après une première aquarelle réalisée sur papier intitulée Trois bassins, Toma Dutter transpose ce paysage sur une grande toile sur châssis qu’il installe comme un écran dans l’architecture du musée. Lui fait face une peinture de multiples branchages réalisée in situ suggérant un envahissement de la nature jusqu’à la cabane en bois. Toma Dutter dessine comme motif récurrent, quasi abstrait, le selenicereus, grand cactus tropical. La plante présente de longues tiges
succulentes, vivaces et grimpantes ou au port retombant, qui poussent sur d’autres végétaux ou des parois rocheuses et dont la forme est soumise à la puissance du vent.
Des dessins encadrés, de tailles différentes, viennent prendre place dans ce paysage tels des zooms sur la végétation. L’artiste n’hésite pas à réduire son dessin en recoupant la feuille de papier, créant une image presque saturée, pour en extraire une sensation abstraite de couleurs et de formes comme l’aquarelle Jardin Montagne (2024). Dans cette volonté de saisir le vivant, l’artiste peint une végétation, vibrante et ondulante, traversée par le vent et qui semble croitre sous nos yeux.
Le choix du dessin comme medium de prédilection lui permet « une approche sincère pour tenter de se saisir silencieusement d’une essence souveraine, une dimension qui ne peut se décrire immédiatement ». La technique de l’aquarelle favorise le travail d’alla prima : peinture directe, sans esquisse et qui révèle l’authenticité de l’émotion grâce à une mise en oeuvre simple et un temps de séchage rapide. Les paysages traversés par l’artiste ne sont pas identifiables mais sont à l’origine d’une recherche. Après avoir réalisé un dessin sur le motif, d’après nature, c’est un travail de composition et d’invention qui
se poursuit à l’atelier comme le révèle la série inspirée des montagnes de sel à Gruissan réalisée lors de sa résidence au lycée Marc Bloch à Sérignan. Dans certaines aquarelles, c’est l’alternance du plein et du vide que l’artiste emprunte aux maîtres chinois del’estampe et surtout au japonais Andô Hiroshige (1797-
Après le passage d’un cyclone, et malgré les reconstructions, les territoires soumis aux forces de la nature restent fragiles. Ces images de cyclogénèses de Toma Dutter sont une allégorie de la fragilité du vivant. La cabane-
Exposition du 25 janvier au 25 mai 2025. Musée régional d’art contemporain, 146 avenue de la Plage -
© ArtCatalyse / Marika Prévosto 2007 -