L’art qui dialogue avec l’environnement
Texte d’Ariane Skoda, commissaire de l’exposition
Dans ces temps troublés, à l’ère de l’Anthropocène et du Capitalocène, la notion de l’habitabilité même de notre planète pose question et ce notamment à l’aune d’enjeux mondiaux comme l’urbanisation convulsive de la planète et l’exploitation extractiviste et prédatrice de la nature envisagée comme une ressource exploitable à l’infini. Aux questions sous-
À l’heure actuelle, 55% de la population mondiale, soit 4,2 milliards d’habitants, vivent en ville. Cette tendance devrait se poursuivre et d’ici 2050, le nombre actuel de citadin.es devrait doubler et dès lors pratiquement 7 personnes sur 10 dans le monde vivront en milieu urbain.
Si des mouvements de rurbanisation se dessinent, amplifiés par le confinement, la métropolisation continue s’asseoir la puissance d’aires urbaines, et la marginalisation des zones rurales, accentuant les clivages économiques et sociaux.
En cette heure “post-
Avec pour toile de fond cette acrtographie fracturée, l’exposition Topographies sensibles nous invite à questionner tant l’impact des activités humaines sur l’nvironnement que l’influence sur nos existences de différents types d’environnement. Elle nous sensibilise à leur vulnérabilité, à la fragilité de nos vies, nous invitant à des co-
Récents
Résultats de la recherche Supprimer Déplacer Spam Plus
Recherche
Gilles Aillaud
Important
Marika Prévosto
À
sandie hatem
jul 1 à 2h10 PM
Gilles Aillaud, Le silence sans heurt du présent
En coproduction avec les Musées des beaux-
.
ArtCatalyse : L'art qui dialogue avec l'environnement | Contact | Actus | A venir | En cours | Prix décernés | Archives | Lieux inspirés | Bibliographie
Exposition du 10 décembre 2016 au 05 mars 2017.
Fondation Maeght, 623 chemin des Gardettes – 06570 Saint-
Exposition du 10 décembre 2016 au 30 mars 2017.
Espace de l’Art Concret, château de Mouans – 06370 Mouans-
À l’Espace de l’Art Concret, mettant en jeu le concept d’art total dans C’est à vous de voir..., , Pascal Pineau investit les espaces du Château pour en retrouver la fonction originelle, interrogeant la valeur d’usage des œuvres. Expérimentant les limites du décoratif et de l’ornemental, il ouvre un dialogue entre pièces issues de l’artisanat, du design, objets de brocante et œuvres d’art ‘proprement dites’. Ainsi, les salles d’exposition se transforment en une succession d’espaces domestiques fictifs. Cuisine, bureau, salon, chambre d’enfant, suite parentale… chaque pièce peut se percevoir comme un portrait en creux de l’artiste qui pose un regard introspectif sur une trentaine d’années de pratique artistique.
Sur l’invitation de Pascal Pinaud, Alexandre Curtet, fondateur de Loft interior designers, a été sollicité pour concevoir l’aménagement intérieur de ces espaces en dialogue avec ses œuvres, mais aussi celles d’artistes avec lesquels ce dernier partage des affinités esthétiques, comme Noël Dolla, Mathieu Mercier, Natacha Lesueur, Philippe Ramette…
L’exposition Topographies sensibles réunit six photographes, Téo Becher & Solal Israel, Bertrand Cavalier, Lucas Castel & Mathilde Mahoudeau et Alice Pallot, dont les travaux, hétérogènes par leur approche, ont en commun d’interroger notre relation ambivalente à l’environnement. Iels convoquent aussi chacun.e à leur façon le sensible ou sollicitent d’une façon ou d’une autre notre réceptivité à des enjeux notoires ou plus invisibles. Iels nous amènent à appréhender des réalités silencieuses et cachées.
De la matérialité physique de sols en béton, de murs en briques, d’objets en plastique capturée par Bertrand Cavalier dans des villes indéfinies dont l’apparente solidité dévoile des failles valorisées comme une qualité urbanistique à la beauté trouble de la nature de la vallée d’un village sinistré des Pyrénées, saisie par Lucas Castel et Mathilde Mahoudeau, confronté à la possible ré-
Chacun.e des photographes se saisit du réel, questionne les limites du sensible, fait appel à nos sens, bouscule nos habitudes de perception, convoque la poésie, faisant effleurer en nous des émotions, des sensations et contribue à faire surgir les épiphanies d’un nouveau monde sensible.Si leurs approches photographiques s’enracinent dans une veine « documentaire », elles tissent autant de narrations à visée plus fictionnelle, faisant éclore de nouvelles mythologies du paysage. Si le document sert d’appui, il nourrit également une réflexion sur le médium, sur le processus qui le sous-
En révélant la portée et les incertitudes de nos milieux de vie, en évoquant des formes possibles de résilience, en mettant en exergue une relation d’interdépendance entre le paysage et l’activité humaine plutôt que d’opposition, et par leur traitement poétique des images, par leur engagement dans le présent, les photographes exposé.es contribuent à ouvrir des voies possibles de réenchantement du monde, à façonner des futurs plus propices à la vie, à renouer les alliances et coopérations entre les vivants, humains et non-
Les zones qu’iels nous font découvrir peuvent être considérées « sensibles » comme la vallée du village de Salau dans les Pyrénées capturée par Lucas Castel et Mathilde Mahoudeau, en proie à des problématiques économiques et écologiques où la possible réouverture d’une mine de tungstène met en lumière un conflit plus global au cœur duquel s’affrontent deux visions du territoire: entre natifs de la région et néo-
D’autres paysages porteurs d’identités mémorielles convoquent des tragédies collectives comme ceux photographiés par Téo Becher et Solal Israel qui font écho au drame éprouvant de personnes fulguré.es, à Azerailles, dans un rapport au territoire plus intimiste et commémoratif. Un témoignage sur un phénomène rare invisibilisé, la fulguration, dont on ne mesure pas assez les séquelles durables. Une invisibilisation à laquelle les artistes répondent par l’expérimentation du médium jusqu’à sa propre illisibilité.
Si les tirages de Lucas Castel et Mathile Mahoudeau nous confrontent à la destruction de la terre, occasionnée par les activités anthropiques, et au corollaire de sa nécessaire protection, la série de Téo Becher et Solal Israel nous rappellent la toute-
D’autres photographes de cette exposition mettent en exergue des réalités plus ordinaires et banalisées mais qui questionnent tout autant notre rapport à l’environnement. Ainsi, Bertrand Cavalier catalyse notre attention sur la matérialité vivante d’éléments triviaux saisis par son objectif dans l’espace public urbain. De l’âpreté des matériaux de construction aux objets incongrus, précaires, traces d’activité humaine, dont il nous révèle l’étrange présence. Des objets qui sont comme agentifs, comme animés, nous révélant leur drôlatique empreinte… En nous reconnectant à nos sens, il nous invite à entrer en empathie avec eux, dans leurs propriétés ontologiques que des courants de pensée comme le techno-
Ces cadrages resserrés tissent une trame narrative qui témoigne de notre appropriation singulière des aspérités d’une ville. Il nous amène à nous rapprocher de cette urbanité, à ressentir son âme, ses faiblesses, comme un désaveu de son « indestrucbilité » et nous donne à percevoir ses revers comme une valeur de son urbanisme.
À l’opposé de cet urbanisme inexorable, d’un monde matériel, d’objets, pouvant susciter des envies de sortir du béton, d’échappées vers de grands « espaces naturels », Alice Pallot met en lumière le Sahara de Lommel, qu’elle découvert pendant le confinement, lors d’une journée d’agrément avec ses ami.es. Ce territoire sableux pollué par l’industrie du zinc a été transformé en forêt de pins grâce aux propriétés symbiotiques d’un champignon naturellement présent dans les sols, métaphore d’une possible reconstruction. Loin de dresser le portrait d’un monde désenchanté, elle dévoile une jeunesse faisant corps avec la nature, happée par sa beauté. Ce documentaire sensible, qui met en avant les transformations d’un paysage, se double d’un récit science-
© ArtCatalyse / Marika Prévosto 2007 -
Exposition du 19 janvier au 12 février 2023. Galerie Talmart, 22 rue du Cloître Saint-