Collectif et cellule de recherche formé en janvier 2019 par -h- et le Laboratoire d’Imagination Insurrectionnelle à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, la C.Δ.R étudie la question du rituel et des enjeux qui lui sont liés dans la construction d’un territoire et d’une communauté. En travaillant étroitement avec les habitant·e·s de la ZAD et en s’attachant à élaborer des pratiques répondant à leurs besoins de faire commun, le projet vise notamment à élaborer une forme de transmission de ces expériences pour nourrir d’autres possibles, d’autres tangibles, en d’autres lieux.
“Le sacré n’est pas cette grande chose devant laquelle se prosterner, mais ce qui détermine nos valeurs, ce que l’on est prêt·e à défendre” Starhawk.
Les artistes activistes Isa Frémeaux, Jay Jordan, Nathalie Gélard et Thibaud Guichard sont tombé·es amoureux·ses du bocage de Notre-Dame-des-Landes où ils et elles vivent, parce qu’ils et elles l’ont défendu contre un projet controversé et jugé climaticide : la construction d’un aéroport international sur 1650 hectares de terres arables et de zones humides. Ils ont élaboré le projet Un cycle.
La lutte contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes aura duré plus de quarante ans et mobilisé des dizaines de milliers de personnes sur la ZAD. Commencée dans les années 1970, lorsque les paysan·nes ont refusé d’être exproprié·e·s de leurs fermes, elle s’est clôt en 2018 avec l’abandon complet du projet d’aéroport par l’État. Durant ces années, convaincue que pour défendre un territoire, il faut l’habiter, une communauté de plus de 350 personnes y a vécu dans un hameau résistant et y a élaboré un véritable laboratoire des communs, en symbiose avec le bocage.
Depuis 2019, le collectif C.Δ.R, conçoit des rituels collectifs comme outils de guérison pour cette communauté polytraumatisée qui continue de vivre aujourd’hui légalement sur ces terres et d’y poursuivre un projet collectif d’habiter autrement. Ils et elles souhaitent mettre en œuvre sept rituels venant marquer le passage des saisons, ainsi que des temps forts et récits propres à ce territoire. Les rituels y sont perçus comme d’anciennes bio-technologies qui tiennent ensemble et accompagnent toutes formes de transformation, des “contenants d’intention” qui aident des communautés à traverser le changement, des gestes qui lient malgré les tempêtes. Isabelle Stengers nous rappelle qu’il n’y a pas de communs sans “commoning”, c’est à dire que les communs sont le fruit de pratiques, et qu’en leur coeur se situent des coutumes qu’il faut créer et déployer, dans une culture qui les a quasiment éradiquées.
Expressions originales des rapports humains, outils politiques comme outils de soins, fondés sur la liberté et la spontanéité, les rituels qu’expérimente la C.Δ.R. prennent racine et se confondent dans le jeu, formant un espace de projection et d’invention pour la communitas – en opposition à la societas. Pour cela, la C.Δ.R.. lancera un appel à participation, ainsi que des invitations à des penseur·euses ami·es, dont la plupart sont familier·es de la ZAD : Emilie Hache, Isabelle Stengers, Isabelle Cambourakis, Benedikte Zitouni, ou encore Philippe Descola. Lors du Solstice d’hiver, un événement de partage et de transmission réunira habitant·e·s de Notre-Dame-des-Landes, activistes de différentes luttes et territoires, personnes tentant d’habiter des autrements, et penseur et penseuses, pour expérimenter et partager la puissance transformatrice des rituels.
La C.Δ.R (France), collectif créé en 2019, vit et travaille à Notre Dame des Landes.
La C. Δ.R réunit le Laboratoire d’Imagination Insurrectionnelle et le collectif -h-. Le premier, créé par Isa Frémeaux et Jay Jordan, est célèbre pour ses actions entre art et activisme tel que la désobéissance de masse à vélo pendant la COP15, le recrutement d’une armée de clowns rebelles au Royaume Uni, la construction d’un phare illégal à la place d’une tour de contrôle d’aéroport, ou encore le lancement d’une régate de radeaux rebelles pour bloquer une centrale à charbon. Ils réunissent des artistes et activistes pour co-concevoir et déployer des formes créatives d’action directe, qui se veulent aussi joyeuses que politiquement efficaces. Le second collectif réunit Nathalie Gélard et Thibaud Guichard et s’intéresse aux savoirs, tant dans leur histoire que dans leur pratique, ainsi qu’aux éléments qui racontent le monde à travers une variété de médiums comme l’installation ou l’édition.
Le Laboratoire d’Imagination Insurrectionnelle et le collectif -h- sont régulièrement invités à intervenir dans des institutions culturelles de premier plan telle que : Centre National de la Danse (Pantin), FAI-AR (Marseille), Le Citron Jaune (Port Saint Louis du Rhône), Berliner Festspiele (Berlin), Kaai Theater (Bruxelles), Arts Admin (London), Tate Modern (London), Kampnagel Summer Festival (Hamburg)…