Extraits du dossier de presse

L’invitation faite par La Cuisine centre d’art et de design auprès de Robert Milin s’inscrit dans sa programmation triennale portant sur le « vivant ». A une évolution biologique lente s’est substituée, dès le XXème siècle, une évolution culturelle accélérée. Dans un entretien datant des années 1970, l’anthropologue Claude Levi-Strauss évoque déjà son inquiétude quant à la dissolution de notre condition d’être vivant dans nos manières d’être au monde. Les dérives de cette posture se manifestent notamment à travers la détérioration de notre planète et la crise écologique que nous traversons. Il questionne l’importance qu’a pris le « Je pense donc je suis » cartésien en rappelant que l’Homme est avant tout un être vivant.


Prenant ce constat comme point de départ, la programmation de La Cuisine cherche à interroger l’enracinement, dans l’existence organique, de ce qui est présenté comme intrinsèque à l’Homme (la raison, la culture…). Il s’agit notamment de questionner les relations du vivant à son milieu par le biais de diverses pratiques artistiques. Ce vaste sujet se situe aujourd’hui au coeur de problématiques sociétales et au coeur des questions relatives au champ de l’alimentation. Son territoire rural constitue ainsi le matériau de cette programmation en contexte.


Les travaux de l’artiste Robert Milin s’inscrivent dans cette démarche. Sensible au quotidien, au modeste, il développe ainsi une pratique au sein de laquelle l’individu est central. L’observation et les interactions avec les gens constituent les « matériaux » de ses oeuvres. La prise en compte des notions de situation et de contexte n’implique pas pour autant que la question de la production de l’oeuvre se dissolve dans un pur jeu relationnel. Au contraire, les modalités de « mise en oeuvre » décidées par l’artiste guident le processus de production et la participation de chacun. Son travail cherche ainsi à aborder « le contexte qui ne jouerait plus comme seul décor » en considérant l’oeuvre produite comme étant « le moyen d’une relation à autrui rendant aussi possible une autre perception d’un lieu de vie ». (Robert Milin. Palais de Tokyo / édition Joca Seria, 2004)
















































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Exposition du 31 janvier au 3 mai 2015. La Cuisine centre d’art et de design, Esplanade du château – 82800 Nègrepelisse. Tél.: +33 (0)5 63 67 39 74.



L’exposition de Robert Milin regroupe quatre oeuvres : Une soupe en automne, Parler aux bêtes, Nos petites résistances (les correspondances de Gérard Margerite) et Solutions Pratiques. Elles ont pour point commun l’emprunt d’une pratique : manger, parler, fabriquer, inventer, afficher… Ce sont des pratiques qui semblent anodines quand elles sont dans le flux de nos vies.


Une Soupe en automne est un portrait vidéo d’habitants de Tarn et Garonne à table, Parler aux bêtes est une oeuvre sonore sur le monde rural et Solutions Pratiques est un ensemble de vidéos et d’objets qui nous parlent d’inventions du quotidien.










L’oeuvre Nos Petites Résistances est ici atypique car il n’y a pas eu à l’origine ces rencontres physiques comme dans toutes les autres oeuvres de Robert Milin. La relation est ici épistolaire. Néanmoins Gérard Margerite, le personnage imaginaire écrivant ces lettres, est lui caractéristique par son refus des « allant de soi ». Il ne peut s’empêcher de les pointer dans ces courriers.


De la même façon, Robert Milin remarque des pratiques banales lors de ses rencontres avec des habitants et des lieux et il s’en saisit. Il extrait ces pratiques de leur contexte, leur impose une légère mise en forme et les déplace vers le champ de l’art troublant ainsi le lien de familiarité qui nous lie à celles-ci. Ce trouble laissant alors poindre la portée perturbatrice de ces oeuvres quant à l’articulation de l’art et de la vie. Robert Filliou proclamait que « l’art est ce qui rend la vie plus intéressante que l’art » et c’est dans cette absence de séparation nette entre l’art et la vie, dans une position au contraire transversale que prennent forme l’une après l’autre les oeuvres de Robert Milin.


Ces travaux, qui bousculent les catégorisations traditionnelles de l’art, s’inscrivent plus largement dans les questionnements qui constituent le fil directeur de La cuisine quant à la place de la création dans la fabrique du monde.

Robert Milin, série Solutions pratiques, La bouteille-alarme, vidéo, 2006

Robert Milin, série Solutions pratiques, La bouteille-alarme, vidéo, 2006

Junya Ishigami, petit? grand? l’espace infini de l’architecture. Arc en rêve, Bordeaux

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Robert Milin, Une soupe en automne
la Cuisine centre d’art et de design, château de Nègrepelisse
31.01 - 03.05.2015