L’art qui dialogue avec l’environnement

Cécile Beau & Grégoire Salabre, En-deçà de l’invisible

Abbaye de Maubuisson, Saint-Ouen-l’Aumone

06.10.2024 - 23.02.2025

Communiqué de presse

Cette nouvelle exposition en duo présentée à l’abbaye de Maubuisson offre une cohabitation dans ses murs entre les démarches artistiques de Cécile Beau et Grégoire Scalabre en vue de perpétuer la question du patrimoine végétal et paysager et celui d’un savoir-faire artisanal donnant lieu à un dialogue singulier entre l’histoire de l’abbaye et sa retranscription contemporaine.

De la terre à l’atmosphère, du végétal au minéral, de la musique à l’architecture, vous naviguerez depuis l’histoire des murs de l’abbaye vers un autre espace-temps, passant d’une strate temporelle à une autre, d’une réalité terrestre à des spéculations cosmiques.

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Gilles Aillaud

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Gilles Aillaud, Le silence sans heurt du présent

En coproduction avec les Musées des beaux-arts de Rennes et de Saint-Rémy de Provence, cette rétrospective parrainée par la Fondation d’Entreprise Michelin est la première grande exposition consacrée à l’artiste depuis 10 ans. Une cinquantaine de tableaux provenant de grandes collections publiques et privées seront exposés au FRAC Auvergne.

Exposition du 10 décembre 2016 au 05 mars 2017.
Fondation Maeght, 623 chemin des Gardettes – 06570 Saint-Paul de Vence. Tél. : +33 (0)4 93 32 81 63. Ouverture tous les jours de 10h à 18h.

Exposition du 10 décembre 2016 au 30 mars 2017.

Espace de l’Art Concret, château de Mouans – 06370 Mouans-Sartoux. Tél. : +33 (0)4 93 75 71 50. Ouverture du mercredi au dimanche de 13h à 18h.

À l’Espace de l’Art Concret, mettant en jeu le concept d’art total dans C’est à vous de voir..., , Pascal Pineau investit les espaces du Château pour en retrouver la fonction originelle, interrogeant la valeur d’usage des œuvres. Expérimentant les limites du décoratif et de l’ornemental, il ouvre un dialogue entre pièces issues de l’artisanat, du design, objets de brocante et œuvres d’art ‘proprement dites’. Ainsi, les salles d’exposition se transforment en une succession d’espaces domestiques fictifs. Cuisine, bureau, salon, chambre d’enfant, suite parentale… chaque pièce peut se percevoir comme un portrait en creux de l’artiste qui pose un regard introspectif sur une trentaine d’années de pratique artistique.

Sur l’invitation de Pascal Pinaud, Alexandre Curtet, fondateur de Loft interior designers, a été sollicité pour concevoir l’aménagement intérieur de ces espaces en dialogue avec ses œuvres, mais aussi celles d’artistes avec lesquels ce dernier partage des affinités esthétiques, comme Noël Dolla, Mathieu Mercier, Natacha Lesueur, Philippe Ramette…

L’artiste française Cécile Beau, née en 1978, construit une oeuvre minimale et sensorielle qui s’empare de la nature et du cosmos comme objets d’étude et de contemplation. Chez elle, la notion de paysage est essentiellement vue comme une possible appropriation d’un lieu, ou comme l’occasion pour rencontrer l’autre et d’imaginer de nouvelles histoires.

Son travail se situe à la croisée des arts plastiques et sonores. Diplômée de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Tarbes et de Marseille ainsi que du Fresnoy – Studio national des arts contemporains de Tourcoing, l’artiste crée des installations immersives qui interrogent notre relation à la nature, au temps et à l’espace. En jouant sur les perceptions sensorielles, elle fait émerger des mondes subtils et poétiques, souvent inspirés par des phénomènes naturels et des mythologies personnelles.

Le travail de Cécile Beau se distingue par une exploration profonde de la nature et de ses résonances. Elle transpose dans ses œuvres des processus naturels et des phénomènes scientifiques, qu’elle présente sous une forme poétique et sensorielle. Ses installations sont autant d’évocations des sous-couches premières du sol que des jeux de longueur d’ondes et de fréquences émises par les astres. Le bois, le feutre, les pierres, la lumière deviennent un champ sinon lexical, du moins matériologique à partir duquel l’artiste vient concevoir des expériences qui révèlent par là-même d’autres possibles représentations du monde.

Comme un continuum avec ce qui aurait pu correspondre aux racines de ce squelette de bois, une grande tenture en feutre évoque les rhizomes fibreux d’un mycélium qui se tisse entre surface et sous-face terreuses. Hyphe représente la première strate des profondeurs qui reprend les jeux graphiques des entrelacs des filaments que Cécile Beau est venue surpiquer de blanc à la surface d’un feutre teint à l’encre de chine.

A la verticalité des piliers de la salle des religieuses, répondent d’imposants fragments horizontaux posés à même le sol dont la couleur vient se confondre avec la teinte calcaire des murs. Membres osseux d’un mastodonte ou peut-être segments d’un arbre-bambou, entre fossiles et reliques, les trois parties de ce gisant venu d’une autre ère s’approprient toute la longueur de la salle. Ces reliques d’un arbre baignent dans la lumière filtrée des vitraux dont la clarté ne subit ni vibration ni variation puisqu’ils sont artificiellement éclairés par l’extérieur. Les autres ouvertures de la salle sont opacifiées par des lés de feutre naturel, offrant à la salle une pénombre enveloppante.

Dans les latrines, sont alignés trois instruments longilignes intitulés Aphélie, évoquant la course des planètes qui, dans leurs orbites, observent la distance la plus importante avec le soleil. Ces instruments monocordes directement inspirés des trompettes marines datant du XVIe siècle, peuvent mesurer jusqu’à deux mètres de long. Du fait de leurs formes en trompe, ils sont à mi-chemin entre un instrument à cordes et un instrument à vent, quoiqu’il soit possible d’entendre le timbre et les modulations du son de ces objets à l’aide d’un archet. Ils évoquent ici le chant de l’univers, l’aphélie étant par définition le point de l’orbite d’un corps céleste où la distance de ce corps au Soleil est maximale. En 2025, la Terre sera à son aphélie le 3 juillet.

Grégoire Scalabre, né en 1978, est un artiste céramiste français connu pour ses sculptures en

porcelaine. Formé à l’École des Beaux-Arts de Dijon puis à l’Institut de Céramique Française à Sèvres, il explore les possibilités expressives de la céramique, alliant savoir-faire traditionnel et vision contemporaine. Ses oeuvres sont souvent des structures complexes, où la répétition et l’accumulation de petits éléments créent des formes organiques ou architecturales qui interrogent la perception du spectateur. Céramiste et sculpteur, il est internationalement reconnu pour la virtuosité de son travail. Son univers artistique s’inspire largement de l’architecture et du monde industriel, du patrimoine architectural des monuments français et de l’univers statuaire. Figure atypique du paysage contemporain, Grégoire Scalabre repousse sans cesse les limites de la céramique. L’artiste défie la matière pour offrir un répertoire de formes constamment renouvelé : du registre de la dissémination et de l’accumulation, à celui du dynamisme et du monumental, en passant par l’architecture et la métallurgie. Dans son approche pointue de la céramique, chaque petite pièce est façonnée de manière singulière dans sa forme et texture, puis mise à contribution au sein d’un ensemble plus vaste. La méticulosité et la précision de sa pratique confinent à la méditation, conférant à son oeuvre souffle et mystère.

Pour Grégoire Scalabre, l’obscurité est une matière à part entière, dont il tente de faire émerger un répertoire formel convoquant des jeux d’accumulation ou d’entrelacs. Le parcours conçu autour de la figure récurrente du monolithe, laisse entrevoir autant de présences gardiennes à la surface desquelles viennent se dévoiler des infra-mondes en céramique. Par prolifération, des miniatures en porcelaine tournées et des ronces en faïence extrudées peuplent peu à peu les espaces. Par leur densité et leur complexité, ces oeuvres invitent le spectateur à une immersion crépusculaire, réchappant aux ténèbres par la brillance de l’émail à la surface des pièces en porcelaine.

Si l’on regarde avec attention le travail de Grégoire Scalabre, il est possible de distinguer une multitude de flacons, de pots ou de contenants, ces formes qui finalement accompagnent l’humanité depuis la nuit des temps. La démarche est bien celle de traduire ici ce temps des=usages, dont les formes plurielles font écho au fondement des civilisations, à celui du rituel de l’artiste et à son rapport formel à la céramique. Par l’accumulation, Grégoire Scalabre a très vite entrevu la possibilité illimitée de la multitude en exploitant la technique du tournage. Par le biais de toute une série d’oeuvres, il n’a eu de cesse de confronter les miniatures qu’il concevait à la question de pièces uniques telles les gouttes d’eau qui finissent océan. Ainsi, L’Ultime Métamorphose de Thétis, exposée pour la première fois à Venise pour Homo Faber 2022 puis présentée au Domaine de Chaumont-sur-Loire, est composée de milliers d’amphores miniatures (entre 2 et 3 cm) aux tons allant du blanc au vert en passant par le beige. Haute de 2 mètres, large de 1,6 mètre et pesant 450 kilos, la pièce est composée de 70 000 amphores miniatures tournées et émaillées une à une par la main de l’artiste. L’œuvre est un hommage à Thétis, la plus connue des Néréides, épouse du mortel roi Pélée et mère blessée au cœur par la tragique fin de son fils, Achille. L’eau et le feu de la céramique pour évoquer une divinité marquée par la mer et la guerre, une création comme énième métamorphose de la divinité grecque. Pour cette œuvre hors-normes, Grégoire Scalabre a été récompensé, en 2022, du Prix Liliane Bettencourt pour l'Intelligence de la main® dans la catégorie Talents d'exception.

Grégoire Scalabre s’immisce à Maubuisson dans l’histoire de la porcelaine avec l’idée de faire germer des formes qui portent en elles un monde à part entière. Ainsi ces milliers de miniatures s’agrègent-elles les unes aux autres au sein d’une dynamique d’ensemble. Toujours indistincte par le nombre, également exposée à Chaumont-sur-Loire, mais cette fois dédiée au noir. Ici, le noir n’est pas réellement une couleur ; il est soit la somme soit la négation. Il témoigne de ce que nous sommes vulnérables au monde, à sa face cachée, au néant auquel il nous renvoie. L’oeuvre Cygnus s’empare de ce vaste territoire et opère une plongée dans l’obscurité, qu’un subtil jeu de lumière vient imperceptiblement révéler. La surface de l’oeuvre se dessine chaotique en l’absence de repères, créant l’illusion de la lévitation ou du flottement d’un astre lors de sa propre éclipse. Cygnus est composé de plus de 9 000 vases miniatures en porcelaine, patiemment jetés sur la roue par Scalabre. Cygnus s’inspire des épaves historiques de la Compagnie des Indes orientales. Les naufrages étaient fréquents tout au long de l’ère géorgienne. Parmi la cargaison perdue, il y avait un nombre estimé de près de 200 pièces de porcelaine fine en provenance d’Asie. Les vaisseaux individuels de Scalabre convergent et sont incrustés sur une grande forme en forme de couronne semblable à des balanes sur un navire. Cette forme, évoquant traditionnellement l’éternité, rend hommage au fret mythique de la porcelaine, à jamais retiré de toute l’humanité, renaissant au plus profond de la mer.

Les Akanthas tirent leur nom du grec qui signifie « épine ». Cette nouvelle production « épineuse » de Grégoire Salabre est un travail de tournage et d'extrusion de tubes en tiges et en épines, de contorsions de la porcelaine, de recherches sur la plasticité de cette matière qui possède une mémoire, qui se plie, bouge, se déforme et vit lors de la cuisson. La main de l'artiste, tel un jardinier, donne une direction à la matière vivante qui va poursuivre son chemin, se développer telle une végétation rampante qui s'organise et se mêle avant de se figer. Grégoire Scalabre donne lieu à une nouvelle forme d’accumulation, qui explore les entrelacs de la matière dans des formes inspirées des végétaux invasifs telles les ronces. Il ouvre ici une voie à la végétalisation, aux possibles confrontations de l'oeuvre aux formes les plus baroques face à la nature qu'elle représente ou plutôt tente d’évoquer puisque, là encore, c’est dans l’obscurité que l’artiste choisit de faire croître ses pousses d’épines.

Tout comme le titre de l’exposition En deçà de l’invisible, le travail de Grégoire Scalabre est une invitation à penser au-delà du temps et de l’espace, de la surface et de l’insondable, en restant capable d’accueillir la profondeur cachée de ce qui nous entoure.

Exposition du 06 octobre 2024 au 23 février 2025. Abbaye de Maubuisson Site d’art contemporain du Conseil départemental du Val d’Oise, avenue Richard de Tour - 95310 Saint-Ouen l’Aumône. Tél. + 33 (0)1 34 33 85 00. Ouverture du 11 octobre au 31 mars le mercredi de 9 h 30 à 11 h 45 et de 13 h à 17 h 45, du jeudi au lundi de 13 h à 17 h 45. Fermé le mardi. Ouvert les jours fériés de 13 h à 17 h 45 sauf le 25 décembre et le 1er janvier.

Ouverture du 1er avril au 10 octobre le mercredi de 9 h 30 à 11 h 45 et de 13 h à 18 h 15, du jeudi au lundi de 13 h à 18 h 15. Fermé le mardi. Ouvert les jours fériés de 13 h à 18 h 15 sauf le 1er mai.